Introduction 1/ Socrate et la cité 2/ Socrate et la maïeutique 3/ Socrate et l'envers du discours du Maître 4/ Le discours socratique comme analyse du désir 5/ Conclusion, conséquences et applications


SOCRATE, LA MAÏEUTIQUE ET NOUS


Socrate, la maïeutique et nous.
Copyright © Antoine Moreau 01 décembre 2004
d'après "Socrate, la maïeutique et nous." de Philippe Mengue 28 novembre 2004
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Je vais vous parler de Socrate et de la maïeutique.

Tout de suite, je le vois je le sens, vous vous posez la question : "Mais quel rapport cela a-t-il avec ma vie de tous les jours ?"

Je vous réponds : n'y allons pas par quatre chemins, déambulons, promenons nous à travers la ville, regardons autour de nous et que voyons nous ? Des faits, des gestes, des attitudes, des gens aller et venir emplis de certitudes, la volonté farouche et ceci par exemple :

Un tel que l'on rencontre dans la rue, très pratiquant, se rend dans un lieu de culte, pour faire sa prière. Très bien, nous n'avons pas, à juger, il est bien libre. Mais sa conduite traditionnelle, faisant partie de ses mœurs, de sa "culture", lui pose et nous pose en filigrane la question qu'on ne peut éviter : qu'est-ce que la piété ? Et cet autre question, indissociable : Quel lien la religion, le culte doit-il entretenir avec la société, l'Etat de droit ?

Questions philosophique explicitement initiées par Socrate quand il rencontre sur l'Agora Eutyphron qui va prier :

- "mais au fait, Eutypron, qu'est-ce que la piétié ? Tu vas me le dire puisque tu la pratiques, cette piété, toi qui es toujours rendu au temple (ou à la mosquée ou à l'église ) !"

Voilà tout Socrate, dans ce geste, dans cette suspension de nos activités les plus communes, pour un espace, un moment de réflexion.

Socrate : chacun va à ses affaires; il les arrête : "causons un peu de ce que tu allais faire". Non du fondement caché du monde, de son ordre secret ou inconnu, mais de ce que toi, tu allais faire dans ce monde social et historique, et qui présentement nous concerne tous. La philo redescend du ciel sur la terre, parmi les hommes agissant, vivant, au raz de leur activité quotidienne. Et il questionne : "ce que tu allais faire, tu le crois utile, bon ou beau, puisque tu avais dessein de le faire; explique-moi donc ce qu'est cette bonté, et ce qu'est beauté, bonté, justice".

Voilà, Socrate oblige chacun à rendre des comptes sur sa propre activité : ce qui entraîne une auto-problématisation du comportement de chacun et donc de la vie sociale existante, présente.



Objections


J'ai parlé d'éclaircissement à attendre de notre détour philosophique : mais est-ce bien sûr ? Ne serait-ce pas plutôt le surgissement de nouvelles questions bien compliquées, abstraites, et, comme on dit, "sans solution". Les questions philosophiques, sont insolubles, dit-on, et donc bien loin d'aider votre action, leur surgissement risque d'engendrer des complications, des obstacles et des doutes. Il vaudrait mieux laisser tomber, ça ne sert à rien, c'est de l'embrouillamini… Voilà l'image courante que l'on se fait de la philosophie, inutile et incertaine, quand elle n'est pas une gêne.

De plus, c'est une autre objection, supplémentaire, ce thème semble ne concerner qu'un problème historique daté, appartenant à l'histoire des idées, ou à l'histoire de la philosophie: : quel bien pourriez-vous retirer d'une question appartenant au passé, réservée apparemment à des spécialistes, à la culture de l'élite, alors que l'urgence des questions sociales présentes, et elles sont nombreuses, immenses, vous pressent de toutes part ?

Le pari que je fais serait donc des plus risqué. Si l'on devait créditer ces deux objections de principe d'une force irréfutable, il ne resterait plus qu'à nous quitter là. Et je ne suis évidemment pas venu pour cela, mais pour tout le contraire, soit de tenter de vous montrer l'utilité d'une référence à la philosophie en général, et plus précisément à la vie et à l'éthique de Socrate.



L'hypothèse


Pour faire vite et couper court au poids non négligeable de ces deux objections, je voudrais seulement poser en pointillé une idée fondamentale qui m'est très chère : les grandes philosophies trouent l'histoire, elles transcendent les occasions historiques de leur surgissement. Elles ne sont pas seulement des produits de leur société, des classes sociales et des niveaux de vie de leur auteurs, comme le veut la science qui sûrement vous est cher , la science sociologique ou du moins, l'histoire, comme le veut la tendance dominante dans toutes les sciences humaines qui sont sous l'hégémonie de l'histoire. Au contraire, les grandes philosophies, dont celles de Socrate et de Platon qui le met en scène dans ses Dialogues, sont creatrices d'histoire et d'enseignement universel. Elles s'adressent à tous les hommes, quels que soient leur époque et leur métier.

Voilà donc l'hypothèse que je devais mettre tout de suite en place pour pouvoir parler à mon aise, pour pouvoir créer un espace de parole capable de retarder la terrible objection qui ne cessera de peser sur nos têtes : "A quoi bon la philosophie ?"

Et pour ce qui regarde notre sujet précis, "Socrate et la maïeutique", dans son lien de pertinence avec votre vie de tous les jours, seul le fait, l'expérience seule pourra trancher. A quoi bon un philosophe dans votre vie, à quoi bon Socrate et sa maïeutique ? Je ne sais pas la réponse, on verra bien au terme, ce que vous m'en direz. Cet exposé, aura-t-il réussi, non à vous donner des recettes d'action, mais à vous ouvrir des pistes, des points de vue féconds sur votre action, c'est ce que nous allons voir.


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