Sommaire
Introduction...p. 3
Document Un peu dexplication ...p. 6
Lœuvre-réseau...p. 7
Limpasse dune communication réticulaire ?...p. 11
Une utopie de la communication...p. 17
Conclusion...p. 23
Bibliographie et Notes...p. 25
INTRODUCTION
Lart contemporain est-il en train de subir une mutation ?
Une mutation formelle au moins, puisque la rencontre inédite du réseau (dont le représentant le plus fameux est Internet) avec lart contemporain interroge avec force le rapport que lart entretient avec son support – lart en réseau se présente virtuellement et non matériellement – ainsi quavec le lieu de sa présentation – un site, un musée ou une galerie. Mais sommes-nous en présence dun changement essentiel, ou dune banale adaptation à une réalité technologique ? Lart trouve-t-il dans le réseau un nouveau mode de représentation (galerie de peinture en ligne par exemple), voire un moyen inédit de diffusion (ventes aux enchères sur Internet et marché de lart planétaire ) ? Est-il à craindre alors, comme le pressentaient Theodor Adorno et Max Horkheimer (1) , que lindustrie culturelle prenne désormais le pas sur la culture, et que lart soit absorbé et anéanti dans un système de communication tous azimuts ? Lart mis en réseau est-il une menace pour lart contemporain ? Cest, semble-t-il, une inquiétude légitime à ne pas négliger.
Cependant est-il inéluctable que lart entretienne cette défiance vis-à-vis des réseaux de communication ? Les réseaux sont-ils nécessairement des systèmes dannihilation de ce qui nest pas de lordre du consensus communicationnel, à linstar de lart contemporain ? Ne pourrait-on pas, au contraire, comme le suggère Norbert Hillaire (2) , décliner la relation de lordinateur et de lœuvre dart sous la forme dun étrange face à face, dans la continuité du ready-made, lieu conflictuel de la rencontre entre lobjet technique et lœuvre dart ? Comment, en effet, penser une telle rencontre entre art et réseaux, au-delà des deux tendances que sont lutilitarisme (lart se sert du réseau) ou lassimilation (le réseau fait disparaître lart) ?
Lœuvre dAntoine Moreau, On se comprend (3), créée en juillet 1996 au CICV Pierre Schæffer à Belfort-Montbéliard, est une réponse décisive à ces interrogations. Elle déplace le problème de lart en réseau vers celui de lart du réseau. Elle nest pas une œuvre menacée de dissolution par sa confrontation avec les NTIC (4) ; bien au contraire, cette confrontation est son essence même, sa raison dêtre esthétique. On se comprend est, comme son titre lindique, une œuvre fondée sur la communication, qui se déploie dans un système réticulaire, en loccurrence le réseau Internet. Ce réseau précisément se donne pour principe celui de la communication, de telle sorte que la communication ne peut être que réticulaire, et le réseau nécessairement communicationnel.
Or lœuvre dAntoine Moreau, loin de célébrer un tel modernisme technologique (5) est davantage lexpression dun soupçon essentiel : On se comprend nest certainement pas la caution artistique dun système dans lequel serait posée lidentité entre le réseau et la communication. Loin dune telle portée consensuelle, elle introduit plutôt une ambiguïté au sein même de cette supposée identité en laissant entrevoir, derrière léquation réseau = communication, deux mondes distincts négligemment ou intentionnellement confondus. Dès lors, une œuvre réticulaire fondée sur la communication napparaît plus comme une évidence mais bien comme un paradoxe. Cest par le biais de ce paradoxe théorique quune œuvre comme On se comprend nous dévoile son véritable enjeu : interroger, au cœur même du processus réticulaire, les fondements réels des réseaux de communication .
Quappelle-t-on alors réseau ? Quappelle-t-on communication ? Ce sont ces questions qui traversent lœuvre dAntoine Moreau. Par son implication dans lun et sa visée vers lautre, On se comprend est alors, de ce point de vue, un véritable laboratoire artistique, philosophique, social, économique et politique, dans lequel lartiste expérimente les formes dune mutation, non plus formelle mais essentielle, de lart contemporain.
LŒUVRE -RESEAU
Pour décrire brièvement lœuvre On se comprend, notons que celle-ci est présentée via la fenêtre daffichage dun " navigateur ", logiciel permettant la visualisation de pages Internet. Remplissant entièrement la fenêtre, elle est divisée en neuf parties, reprenant le dessin esquissé au bas du document " Un peu dexplication ". Huit de ces fenêtres sont lœuvre elle-même, la neuvième, au centre, faisant office de " portail " vers le site du CICV. Ces huit " frames " comme les nomme Antoine Moreau, de couleurs différentes (sombres), contiennent chacune une phrase, traduite en huit langues différentes. Chaque phrase constitue ce quon appelle un lien hypertexte (6). En cliquant sur chacune delles, le navigateur se connecte à un autre site hébergé dans le pays correspondant à la langue. Cette opération éclaircit les couleurs de la fenêtre sur laquelle on a cliqué et déclenche lapparition dune nouvelle phrase. Ainsi il est possible, au fil de la navigation, de faire apparaître successivement, dans chacune des huit fenêtres de lœuvre, douze phrases ou propositions, dont nous pouvons donner la liste (7) en français :
1. Lart est rare.
2. La vie vous va bien.
3. La réalité est différente.
4. La mort existe.
5. Nous nous comprenons quand même.
6. Rire est divin.
7. Lamour.
8. Ça va dans tous les sens ?
9. Le bonheur fait la loi.
10. Le corps est au cœur.
11. Nous allons voir.
12. Nous passons à travers.
Grâce à une utilisation exclusive du procédé hypertextuel, lœuvre dAntoine Moreau On se comprend ninsiste pas sur une représentation imagée de lœuvre (" Ne cédant pas au spectaculaire " (8)) mais sur ce quil appelle une " réalité hypertextuelle " (9), contrairement sans doute à la majorité des productions artistiques sur le réseau Internet. Dans cette œuvre, laccent est ainsi mis sur la notion de lien (" la possibilité que nous avons de nous lier les uns aux autres " (10)), au sens où lœuvre dart elle-même doit se comprendre davantage comme relation que comme matière, quelle soit dailleurs matière sensible ou matière virtuelle. Lœuvre dart réticulaire " consacre ainsi la disparition de lobjet comme but ultime de la production artistique. Linformation, fluide, volatile, est devenue la matière de lart. Sa mise en forme, son codage, en est lenjeu esthétique et formel " (11).
On se comprend entretient en fait un double lien avec les réseaux et offre ainsi un point de vue inédit sur la notion de réseau : cette œuvre fonctionne et sorganise sous la forme dun réseau, en connectant divers sites hébergés à divers endroits du monde entre eux. Une œuvre-réseau donc, mais aussi une œuvre en vue du réseau, au sens où elle nest œuvre que si elle suscite, par le biais de son réseau interne, un autre réseau, que lon pourrait qualifier avec Antoine Moreau de " vision multiculturelle de lInternet " (12). Il est surprenant de constater à quel point la description du réseau donnée par lartiste nest pas autre chose, par essence, quune structure rhizomatique, telle que la analysée Deleuze dans Mille Plateaux. Reprenons alors les principes fondamentaux du rhizome :
o principe de connexion et dhétérogénéité : " Nimporte quel point peut être connecté avec nimporte quel autre et doit lêtre " (13).
o principe de multiplicité : " Organisation propre au multiple en tant que tel, qui na nullement besoin de lunité pour former un système " (14).
Deleuze prend soin de définir dautres principes (rupture asignifiante, cartographie et décalcomanie), mais ceux-ci pourraient se recouper aisément avec ceux précédemment évoqués. Quoi quil en soit, lœuvre dAntoine Moreau expérimente le principe de connexion et dhétérogénéité par sa visée de nêtre pas seulement un site sur un réseau mais un site établissant dautres relations. Le principe de multiplicité est illustré par la nature même du réseau mis en place par lœuvre utilisant les fonctionnalités dInternet : ce réseau a, contrairement aux conceptions traditionnelles dun réseau hiérarchisé (15), une architecture acentrée, qui ne compte que des périphéries nomades toujours en expansion (16). Le réseau est alors une multiplicité, un plan de consistance, sur lequel se meuvent des éléments hétérogènes entretenant les uns avec les autres des relations. Nous pouvons cependant nous interroger sur la nature précise de ces relations : de quoi est faite cette " possibilité de nous lier les uns aux autres " ?
Devons-nous voir en effet dans le réseau informatique un simple accroissement anarchique de la communication ou, à lopposé, une " cybernétique ", cest-à-dire une science du contrôle, de la régulation et de la communication, de telle sorte que les réseaux informatiques seraient " la version scientifique de lœil de Dieu, et interdiraient à jamais la surprise, laccident, lirruption de lintempestif " (17) ? Si les réseaux sont alors certainement des réseaux de communication, de circulation permanente de linformation, de quelle communication sagit-il ? Est-ce une surveillance généralisée, un contrôle, " qui fonctionne non plus par enfermement, mais par contrôle continu et communication instantanée " (18) ?
Si " le déracinement lié à la nouvelle technologie ne peut nous promettre une émancipation " (19), Antoine Moreau peut-il, sans se fourvoyer, développer une œuvre authentique et lucide proposant " une pratique et une vision multiculturelle de lInternet " (20) ?
LIMPASSE DUNE COMMUNICATION RETICULAIRE ?
Lobstacle majeur à lœuvre On se comprend et aux conceptions sous-jacentes quelle prétend véhiculer est, peut-être, non plus la question ambiguë du fonctionnement des réseaux (ambivalence entre contrôle et liberté), mais celle de certaines grandes tendances de la civilisation contemporaine qui ont été le véritable fondement de la constitution de ces réseaux. Les réseaux, militaires, civils, rhizomatiques ou régentés, ne doivent pas leur émergence à leur simple nécessité intrinsèque, mais bien aux diverses inclinations des pensées qui forment le socle dune partie de la société contemporaine. Les réseaux, comme nous avons pu le remarquer, sont des systèmes de mise en relation de choses entre elles, et sont à ce titre beaucoup plus proches, philosophiquement, dune pensée de la relation que dune pensée de la chose. Leur développement géographique dans les pays anglo-saxons ne doit certainement rien au hasard : les espaces dans lesquels ils sont nés ont été, depuis le début du siècle, fortement influencés par une pensée du lien, comme celle de Wittgenstein, affirmant, au début du Tractatus Logico-philosophicus, que " le monde est lensemble des faits, non pas des choses " (21). Un fait est issu de la mise en relation de deux choses. Une chose immobile et isolée ne saurait provoquer un fait et cest la relation qui lunit à une autre chose qui crée lévénement (ou le fait). Ainsi, " la modernité a dévalué la pensée aristotélicienne de la substance et de laccident au profit dune pensée de lévénement " (22). Lœuvre dAntoine Moreau semble tout à fait dans cette veine de pensée, tant elle privilégie la situation processuelle, en non lœuvre en tant quœuvre autonome. Une autre œuvre de cet artiste, qui nest pas une œuvre informatique, nen est pas moins la meilleure illustration de la caractéristique fondamentale dune œuvre-réseau : le processus, lévénement, ce qui arrive et non ce qui est. Cette œuvre sintitule " Des sculptures confiées " (23) : une sculpture est confiée à une personne, qui la confie elle-même à une autre, etc..., et lœuvre consiste à noter les conditions du processus de changement de propriétaire, le lieu, la date, le nombre de " propriétaires " successifs. Considérant alors la suprématie dune pensée de la relation, pleinement actualisée par les réseaux, il sagit maintenant détudier la forme dune communication réticulaire.
Max Horkheimer et Theodor Adorno avaient peut-être une crainte légitime en accusant, dans leur livre La Dialectique de la Raison, le développement technologique comme étant à la source dune forme biaisée de la communication. Nous pouvons, en effet, constater que lapparition des réseaux de communication est conjointe à celle dun certain modernisme culturel. Celui-ci décrirait une nouvelle position de la culture face à lomniprésence de la communication : une position affirmative, au sens où la culture, adoptant le principe de globalisation (industrialisation) de la relation, prendrait le risque de nêtre plus quun discours, une voix consensuelle, celle qui, par définition, est la plus communicable. Cette nouvelle position de la culture, que Marc Jimenez nomme le " culturel ", serait alors " avant tout et explicitement injonction à la communication et aspiration au consensus, et toute critique, y compris la critique esthétique, se verrait contrainte dabdiquer devant la puissance dassimilation dun tel système " (24). Il est à noter en effet que " la proximité de nos cultures " (25), visée par Antoine Moreau, se fait sans doute au détriment dune différenciation esthétique véritable, et que labsorption (on parle aussi dintégration), des divers éléments qui postulent à entrer dans un réseau est en réalité une banalisation de la différence, du divers, et de la valeur (esthétique ici) que lon peut attribuer aux choses. Les choses ne sont pas considérées pour ce quelles sont, dans toute leur singularité, mais pour leur capacité extrêmement restreinte à présenter des caractères communs, donc communicables. Plus une œuvre est originale (possédant donc peu de caractères communs), plus elle court le risque dune banalisation qui lui ôterait son sens et sa portée, en ne gardant que le commun (une œuvre na peut-être pas de " portée " dans un réseau, seulement une plus ou moins grande tendance au consensus et à la communication). Avec les réseaux, il ne sagit donc pas dune inversion de la valeur qui rendrait essentielle (car communicable) une chose banale, et qui laisserait de côté une œuvre originale. Pires encore, les réseaux induiraient un " formatage " radical de la différence esthétique, une sorte de nivellement communicationnel, une masse grisâtre dinformations sans forme.
Cette dimension a-critique de la communication réticulaire nest pas sans rappeler les principaux enjeux dune philosophie qui sest articulée, de même que les réseaux, sur une pensée de la relation. Plus quun rappel, cette sympathie pourrait bien être une parenté, au sens où les réseaux eux-mêmes se sont développés dans un contexte de pensée favorable à leur extension. Les réseaux, comme nous les connaissons, sont, en quelque sorte, le pendant technologique dune pensée postmoderne, qui serait, comme le souligne Jean-Marie Schaeffer, une dénonciation de " la théorie spéculative de lart " (26), une incrédulité, pour parler comme Lyotard, à légard des métarécits, que sont par exemple les grandes idéologies du vingtième siècle, ou les idéaux de lAufklärung (27). Ainsi disparaîtrait, dans les réseaux, le moindre critère de détermination et de jugement esthétique, en opposition avec la pensée esthétique traditionnelle dinspiration kantienne (28). À ce titre dailleurs, nous comprenons bien en quoi les réseaux sont éminemment proches des positions de la philosophie analytique anglo-saxonne : Arthur Danto, contestant la valeur dun jugement esthétique pouvant se rapporter à un universel, ne conçoit la détermination et le jugement de lœuvre dart quau regard de ce quil appelle " le monde de lart " ou " artworld " (29). Citant Duchamp et Warhol, il met à jour le rôle déterminant du monde de lart dans la reconnaissance de lobjet banal comme œuvre dart, rejoignant en cela la position de De Duve pour qui lart est " un nom de baptême " (30). Mais quelle est la conséquence de lexclusion de toute dimension critique, de tout jugement de valeur, au bénéfice dune classification des choses ne prenant en compte que les déterminations contingentes de celles-ci, à limage de ce quécrit Gérard Genette dans Lœuvre de lart, étant inspiré par Nelson Goodman : " si une œuvre est écrite dans une langue, cest sans doute une œuvre littéraire, si elle fait entendre des sons instrumentaux, ce doit être de la musique, etc... " (31) ?
Il est séduisant dimaginer un réseau à lintérieur duquel les relations, liant les choses entre elles, ne seraient pas hiérarchiques, un réseau qui serait une sorte de rhizome idéal. Dun point de vue esthétique, un tel réseau aurait le mérite de ne pas juger les œuvres quil accueille en son sein, brisant de ce fait les barrières des institutions artistiques, autorisant la libre circulation des œuvres. Mais, sil est indéniable que les réseaux sont ainsi des espaces de liberté, il faut tout de même se demander si une suppression du jugement au profit dune idéologie selon laquelle tout se vaut, nest pas la condition démergence dune autre forme de hiérarchisation de lœuvre dart, non plus fondée sur des critères esthétiques, mais sur des critères liés par exemple à la rentabilité, à la valeur économique. Cest en ce sens que les fondements postmodernes et " analytiques " des réseaux les conduisent vers une communication pour le moins singulière : Richard Rorty, au nom dune " poétisation de la culture " (32) (contre une " rationalisation de la culture "), fait très clairement entrevoir quune contingence radicale au sein de lart (pas de jugement) fait naître la notion de privatisation de lart. Selon lui la poétisation de la culture place lart au centre dun jeu de langage privé, qui, loin dêtre un élément rassembleur des individus, est au contraire ce qui les isole. Dans cette vision libérale du fonctionnement de la société, le souci de soi ne laisse pas de place au souci du monde, à la notion de collectivité et, finalement, à celle de communication. Il est confondant de voir à quel point cette privatisation du jugement esthétique (et éthique, et politique, ...), si elle permet à chacun de déterminer ses préférences (33), fait échouer davance toute tentative de communication. Tout au plus les relations entre les individus sont des échanges (économiques), quand ils ne sont pas unilatéraux, comme la publicité sur Internet par exemple, qui révèle à quel point les réseaux, systèmes de contingences radicales, sont les vecteurs dune communication réduite à sa plus simple expression. Pierre Bongiovanni, directeur du CICV, résume clairement cette situation en expliquant que " sur Internet, tout vaut tout. Un bon design, une belle arborescence valent comme création authentique. Le ludique et le festif suffisent à faire sens, leldorado financier, cest le projet " (34).
Cest dans ce contexte quil faut alors réévaluer (puisque tout ne se vaut pas sans doute), les prétentions de lœuvre On se comprend. Si elle affirme une volonté, quil faut croire exigeante, dêtre une " pratique multiculturelle de lInternet ", comment peut-elle ne pas échouer dans sa visée, tant elle se déploie au cœur dun système dont nous avons vu quil rendait futile toute tentative essentielle de communication ? Faut-il prendre acte de limpasse dans laquelle cette œuvre sest placée ?
Cependant ne devons-nous pas considérer aussi que ce sont les conditions de leur émergence qui rendent les réseaux informatiques à ce point éloignés dune communication réticulaire? En dautres termes, il ne sagit pas de refuser a priori aux réseaux cette capacité à lier authentiquement les membres qui les composent, mais de noter à quel point les formes réticulaires dominantes (Internet), par leurs origines, sont inaptes à la communication. Lœuvre On se comprend nest-elle pas alors une proposition utopique, une tentative in extremis dinstaurer, au sein dun système de circulation généralisée dinformations, une véritable communication non formatée, une sorte dagora universelle ?
UNE UTOPIE DE LA COMMUNICATION
Pierre Musso écrit, dans un article intitulé " Généalogie et critique de la notion de réseau ", que " la société de communication est une société de la circulation généralisée. Inutile de penser de nouvelles utopies sociales, lutopie technologique se charge de réaliser quotidiennement le changement social " (35). Or, nous avons vu quelle pouvait bien être lutopie technologique dans les systèmes réticulaires : une utopie individualiste, contingente, pragmatique, quand elle nest pas mercantile ! Pourtant lœuvre dAntoine Moreau On se comprend prétend bien, alors quelle sinscrit pleinement dans un cadre technologique réticulaire, proposer une vision dune certaine utopie sociale et politique.
Les propositions de lartiste ne témoignent nullement de la nécessité dun choix entre deux irréconciliables : le développement technologique et lutopie sociale. Il nous faut comprendre que cest au cœur même de la pratique technologique de lœuvre que peut sexpérimenter une certaine forme dutopie sociale et politique. Cette œuvre se place en effet résolument dans une perspective de rencontre entre lart et une technologie devenue ordinaire, en filiation directe avec le ready-made. Dans un texte publié sur son site personnel, Antoine Moreau affirme ainsi que " le ready-made est lobjet de lart contemporain. Cest pour cette raison que la culture des artistes est fortement ready-made-centrique " (36). Avec une œuvre comme On se comprend, lesprit du ready-made se prolonge dans la rencontre entre lart et les NTIC, qui, " en plus dêtre les langages les plus pratiqués par les artistes, représentent chacun une approche très différente de la création " (37). Cependant, cette œuvre, si imbriquée soit-elle dans la technologie, ne fait guère état dun certain pessimisme technologique, dune sorte de froideur, qui serait celle des réseaux de communication tels quils existent. Les propositions de lœuvre On se comprend, comme " la vie vous va bien, rire est divin, lamour, le bonheur fait la loi, le corps est au cœur " (propositions 2, 6, 7, 9, et 10), expriment plutôt la volonté dinstaurer une humanisation de la communication, dans la lignée des premières œuvres dun art de la communication apparu dans les années 80 (38), investissant les premiers réseaux (comme le Minitel), puis étendant leur champ daction à Internet. Nous pensons par exemple à des œuvres de Fred Forest (39) (cofondateur en 1974 du Collectif dart sociologique puis en 1984 du Groupe de lesthétique de la communication), comme Zénaïde et Charlotte à lassaut des médias, en 1989 sur Minitel, ou à celles dOlivier Auber avec Le générateur poïétique, créé en 1980 sur Minitel puis dès 1995 sur Internet (40). On se comprend a en commun avec ces œuvres de mettre en place une sorte de stratégie de participation et du jeu, à limage sans doute des utopies participatives des mouvements artistiques des années 70, comme celles de Fluxus ou du GRAV (Groupement de Recherche dArt Visuel). Mais, alors que ces groupes fondaient la participation sur la présence du public-acteur, comme avec le Happening de Kaprow (expérience unique dans un seul lieu), la notion de participation chez Antoine Moreau sappuie sur la notion de communication, et plus précisément sur la télé-communication. La mise en situation du spectateur prend alors le nom dinteractivité, cest-à-dire de mise en relation déléments hétérogènes et distants en vue de lœuvre : " On se comprend est comme un jeu qui sillumine au contact des autres " (41) (plus on clique, plus la couleur du fond sillumine). Cette œuvre repose ainsi " sur lidée dune communauté mondiale, sans frontière, dont le réseau devient le système nerveux, le moyen, la base et la condition de léchange. Lindividualité reste marquée mais ne prend sens que dans le collectif " (42). Lidée même dune communauté mondiale (" la proximité de nos cultures " (43)) implique une dimension qui nest plus celle de la communication dun point de vue quantitatif (le nombre de connexions), mais celle de la communication dun point de vue qualitatif, qui est une prise de conscience des liens établis entre les individus de manière à développer ce sentiment dappartenance à une communauté mondiale. Nest-ce pas ainsi quil faut entendre le sens du pronom réflexif " se " dans le titre de lœuvre, exprimant par là même la conscience que nous avons du potentiel qualitatif de nos communications ? Cest donc dans la nature du rapport de communication quil faut trouver cette tendance qui distingue le fonctionnement de lœuvre dAntoine Moreau de celui des réseaux informatiques en général : comme œuvre-réseau, elle nest pas le fruit dune utilisation postmoderne héritée de la tradition analytique, mais celui dune vision utopique de la société, et de la position de lart dans cette société. À limage des avant-gardes (depuis le milieu du vingtième siècle) installant lœuvre au cœur de la société de consommation (Warhol), la création réticulaire prétend développer sa position critique et utopique " de lintérieur ". Et si, grâce aux réseaux, et malgré les réseaux, " nous nous comprenions quand même " (44) ?
La défense dune utopie dune communication pourtant fondée sur le consensus et lindividualisme doit, en premier lieu, formuler lexigence dun " terrain " commun propice à la communication : non pas un terrain de formats compatibles, qui serait en quelque sorte le plus petit dénominateur commun de la communication, mais un espace où les subjectivités connectées entreraient dans une relation de compréhension. Cest tout le sens du fonctionnement " multi-linguistique " de lœuvre On se comprend : la langue natale (contrairement à langlais simposant comme langue universelle), est la base même de la communication, son outil premier. La déclinaison en huit langues des propositions ne signifie pas quil serait impossible détablir un échange en dehors de sa langue natale. Lexacte similitude des traductions des propositions vient nous rappeler quil existe, au-delà des écarts linguistiques, un terrain commun de compréhension, qui fait que " si ça va dans tous les sens ", " nous nous comprenons quand même " (45), ce qui est dans doute à mettre au compte dune double étymologie du mot logos, comme langage et raison. Cette vision utopique dune " intersubjectivité communicationnelle " (46) se double aussi dune vision critique : lœuvre dart, lorsquelle est pleinement intégrée dans un système réticulaire, doit, simplement pour exister, adopter une posture critique vis-à-vis des réseaux. En écrivant " lart est rare " (47) (proposition douverture), lartiste prend ainsi acte de la nécessité dune dimension critique véritable. Aussi faut-il voir une certaine ironie dans son propos sur lart : " Si vous faites partie de la culture partagée des créateurs expérimentés et de spécialistes de lart, si vous y avez contribué et si dautres personnes qui en font partie savent qui vous êtes et vous considèrent comme un artiste, alors vous êtes un artiste " (48). A la question goodmanienne " quand y a-t-il de lart ? " Antoine Moreau répond ici que la détermination de lart est sujette à lappréciation du " monde de lart " tel que le définissait Danto. Mais plus sérieusement, lartiste prend soin de revenir, dans la suite de son texte, à la question plus traditionnelle de la philosophie spéculative continentale " quest-ce que lart ? " et " quelle est sa finalité ? ", en posant comme exigence de lart lutopie dun art sans fin qui aurait pour tâche de résoudre les problèmes posés dans le champ de la vie : " Le monde est plein de nouveaux problèmes qui nattendent que dêtre résolus " (49). Que ce soit le problème de la langue, ou celui de la nécessité dun art non consensuel et critique, nous voyons donc bien que lutopie dune communication idéale ne saurait se passer dun espace rationnel, dun terrain dentente universel, afin de ne plus parler de subjectivités connectées à un système nivelant mais dune véritable inter-subjectivité, dont les relations préexistent aux réseaux, et trouvent une extension dans ces moyens contemporains de communication.
Cette utopie, nous semble-t-il, accuse une grande proximité avec la pensée de Jürgen Habermas : une " vision multiculturelle de lInternet " (50) est laffirmation dune utopie de communication réticulaire authentique, sur la base dune agora universelle rationnelle : " La raison communicationnelle saffirme dans la force de cohésion inhérente à lentente intersubjective et à la reconnaissance réciproque " (51). Contrairement à ce quécrit Lyotard, la pensée dune telle raison communicationnelle est lopposé du consensus. Lyotard objecte à Habermas la pertinence dun " système de stabilité ", et lui oppose plutôt la " recherche dinstabilités ", réfutant par là même la légitimité quaccorde Habermas aux normes en vigueur (52). Cependant, si Habermas convoque le terme de consensus dans sa pensée, il doit être compris, au regard de ce que nous avons pu dire sur le consensus, dans un sens très différent : " La médiation entre luniversel et lindividu réside dans luniversalité dun consensus obtenu sans contrainte et entre des individus libres et égaux, ceux-ci continuant de disposer dune instance dappel à laquelle ils peuvent encore recourir lorsquils désapprouvent les formes particulières concrétisant institutionnellement la volonté commune " (53). Le consensus habermassien est loin dun consensus réticulaire : au consensus nivelant et aliénant (réseaux a-critiques et formatés), que nous pourrions qualifier de consensus faible, lutopie habermasienne oppose un consensus fort. La force et la stabilité de ce consensus lui vient dune conscience de la légitimité des normes établies sur la base de la raison universelle. Or, cette légitimation des normes en vigueur nest aucunement une injonction à un certain conservatisme, mais – et cest sans doute lorigine de la dimension utopique de la pensée de Habermas – , elle est un premier pas vers lautonomie critique de lindividu et vers la constitution dun espace public authentique. " Kant pourrait bien avoir donné lexemple, pour qui le problème fondamental est moins celui du beau naturel, des beaux-arts, du goût, du sublime, du génie, que celui de la finalité et de la liberté, manière de rappeler que la libre faculté de juger ne sert à rien si elle na pas pour finalité la réalisation dun état où tous peuvent se donner les moyens daccéder à la liberté et den jouir " (54).
CONCLUSION
Dans On se comprend dAntoine Moreau, lutopie dune communication réticulaire est donc laménagement dun espace rationnel déterminé par les connexions intersubjectives établies en son sein, dans un réseau essentiellement a-communicationnel.
Lutopie dune telle communication est lutopie de ses prolongements, car la communication, processus de mise en relation, nest pas, comme telle, la finalité de lœuvre dart mais son principe de connexion : lutopie de la communication réticulaire est un ailleurs, une dimension plus vaste de la réalité sociale. Elle se décline en quatre niveaux interdépendants :
1. Un niveau politique : la vision communicationnelle suggérée par lœuvre suppose la réhabilitation dune critique rationnelle et dune liberté première. Le politique réticulaire est une démocratie publique, par opposition au jeu de forces contraires sexerçant dans les réseaux, qui tendraient à instaurer une démocratie contingente et individualiste. Une démocratie libre, plutôt quune démocratie libérale.
2. Un niveau économique : la liberté suppose labsence de systèmes de pression anti-démocratiques que sont les systèmes de marché : à lopposé dune utilisation mercantile de lInternet se trouve une pratique désintéressée de la communication, fondée sur le don et léchange libre (aux deux sens de libre : volontaire et gratuit), et non sur le libre-échange (commerce déréglementé). Dans cette communication, on néchange dailleurs que des idées.
3. Un niveau philosophique : la réhabilitation de la raison critique est aussi celle de la raison dans la philosophie. La raison critique suppose une raison éthique, tout comme le libre-arbitre suppose la volonté de liberté. La raison éthique exige lutopie.
4. Un niveau artistique : lu-topie de lart est la vie. Lœuvre sort du musée, multiplie ses points daccès et renoue le contact avec la réalité sociale ; elle entre dans la vie. Lutopie de lart nest ni un mythe ni une hypothèse artistiques, mais lessence même de lart. Lart ne peut pas être adapté, pragmatique et adéquat. Il vise perpétuellement un ailleurs. Ce mouvement nest pas chimérique mais toujours à accomplir.
Lutopie artistique est donc une éthique de la critique et de la proposition ; elle nest pas un vain rêve mais laffirmation permanente dune éternelle perfectibilité du monde. Lart contemporain doit être utopique sil veut être contemporain. Un art résigné appartient déjà au passé, lart authentiquement contemporain appartient toujours au futur.
BIBLIOGRAPHIE
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o Art Press Hors série, " Lart et la Toile ", Paris, novembre 1999.
o Critique, article de Jürgen Habermas, " La modernité, un projet inachevé ", numéro 413, Paris, Minuit, 1981.
o LImage, Deleuze, Foucault, Lyotard, article de Mireille Buydens, " La forme dévorée. Pour une approche deleuzienne dInternet ", Paris, Vrin, coll. " Annales de lInstitut de Philosophie de lUniversité de Bruxelles ", 1997.
o Philosophie de lart, article de Marc Jimenez, " Postmodernité, philosophie analytique et tradition esthétique ", Paris, Ellipses, 1998.
Sites dart contemporain :
o http://antomoro.free.fr
o http://www.fred.forest.org
o http://www.enst.fr/(auber/
o http://www.labart.univ-paris8.fr/
o http://www.lyon-city.org/mac-vo/
o http://www.culture.fr/entreelibre/
o http://www.synesthesie.com
o http://www.cicv.fr
NOTES
1 In La Dialectique de la Raison, chap. " La production industrielle de biens culturels ", pp. 129 et suivantes. Pour les références des ouvrages cités, se reporter à la bibliographie.
2 In " Internet all over ? ", Art Press Hors série, " L'Art et la Toile ", p. 9.
3 http://antomoro.free.fr/comprend.html
4 NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication.
5 L'expression est empruntée à la terminologie habermasienne : le progrès technique et le développement scientifique sont les moteurs d'une certaine modernité. Cf. : Jürgen Habermas, " La modernité, un projet inachevé ", discours rapporté dans le numéro 413 de la revue Critique, pp. 950-967.
6 Le mot " hypertexte ", apparu dans un essai de Ted Nelson en 1975, a été largement analysé et utilisé par Gérard Genette dès 1982 dans Palimpsestes, ouvrage dans lequel il définit l'hypertexte de la manière suivante, p. 16 : " J'appelle hypertexte tout texte dérivé d'un texte antérieur par transformation ou par imitation ". Nous verrons plus loin que l'utilisation, par Genette et les réseaux, de la même catégorie d'hypertexte n'est pas fortuite.
7 Les douze phrases sont identiques d'une langue à l'autre.
8 In " Un peu d'explication ".
9 Ibid.
10 Ibid.
11 Annick Bureaud, " Utopies distribuées, Net.art, Web.art ", in Art Press Hors série, " L'art et la Toile ", p. 110.
12 In " Un peu d'explication ".
13 Mille Plateaux, p. 13.
14 Op. cit., p. 14 et Différence et Répétition, p. 236.
15 Tels les réseaux sanguins ou politiques fonctionnant en étoile, avec un centre et des périphéries.
16 Il faut noter que le réseau Internet est un réseau informatique à structure maillée, sans point névralgique (caractéristique fondamentale d'un réseau dont la naissance fut militaire, sous le nom d'Arpanet). Cf. l'article de Mireille Buydens " La forme dévorée. Pour une approche deleuzienne d'Internet ", in L'Image, Deleuze, Foucault, Lyotard, pp. 41 et suivantes.
17 Paul Virilo, La Machine de vision, p. 147. Cf. aussi La Condition postmoderne de Jean-François Lyotard, p. 107 : " L'informatisation des sociétés peut devenir l'instrument " rêvé " de contrôle et de régulation du système de marché, étendu jusqu'au savoir lui-même ".
18 Gilles Deleuze, Pourparlers, p. 236. Cf. aussi la notion de panoptisme développée par Michel Foucault dans Surveiller et Punir, pp. 228 et suivantes.
19 Nous reprenons les mots de Jean-François Lyotard, in L'Inhumain, causeries sur le temps, p. 127. Le chapitre " Quelque chose comme : " communicationŠ sans communication " " peut être en outre lu avec profit, concernant la problématique " art et communication ", pp. 119-129, même si notre propos concerne d'avantage le problème de l'art de la communication que celui de la communication de l'art.
20 In " Un peu d'explication ".
21 Ludwig Wittgenstein, Tractatus Logico-philosophicus, 1.1, p. 29. Cf. aussi Alfred North Whitehead, Procès et Réalité, ouvrage de " taxinomie ", dans lequel la détermination de la chose selon sa classification importe moins que les relations unissant les différentes classifications.
22 Daniel Parrochia, " Les réseaux, de la mathématique à la métaphysique ", in Art Press Hors série " L'art et la Toile ", p. 29.
23 Le " compte-rendu " de l'¦uvre processuelle en question est consultable sur le site web personnel d'Antoine Moreau, onglet " sculptures " : http://antomoro.free.fr
24 Marc Jimenez, " Postmodernité, philosophie analytique et tradition esthétique ", in Philosophie de l'art, p. 151. L'auteur renvoie, dans cet article, à son ouvrage La Critique, crise de l'art ou consensus culturel ? en ce qui concerne la question du " culturel ".
25 In " Un peu d'explication ".
26 Jean-Marie Schæffer, L'art de l'âge moderne, l'esthétique et la philosophie de l'art du XVIIIe siècle à nos jours.
27 Jean-François Lyotard, La Condition postmoderne, introduction, p. 7.
28 Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger, " Analytique du Beau ", §9 : " Est beau ce qui plait universellement sans concept ", p. 150.
29 Arthur Danto, La transfiguration du banal, pp. 160-161.
30 Thierry De Duve, Au nom de l'art. Pour une archéologie de la modernité.
31 Gérard Genette, L'¦uvre de l'art, tome II, " La relation esthétique ", p. 205.
32 Richard Rorty, Contingence, Ironie, Solidarité, p. 86.
33 C'est la " culture du zapping " et le " pluralisme esthétique " tels que les définit Yves Michaud dans son ouvrage La crise de l'art contemporain, p. 199, ou la " navigation " sur Internet.
34 In " Internet en question ", Art Press Hors série, " L'art et la Toile ", p. 76.
35 Pierre Musso, " Généalogie et critique de la notion de réseau ", Art Press Hors série, " L'art et la Toile ", p. 21.
36 Le texte s'intitule " Comment devenir un artiste ? ", http://antomoro.free.fr/artiste.html
37 Op. cit.
38 " Comment devenir un artiste ? " : " Il existe une communauté, une culture partagée de créateurs expérimentés et de spécialistes de l'art dont l'histoire remonte aux premiers mini-ordinateurs multi-utilisateurs, il y a quelques dizaines d'années, et aux premières expériences de l'art conceptuel ".
39 Cf. http://www.fred.forest.org
40 Cf. http://www.enst.fr/(auber/
41 In " Un peu d'explication ".
42 Annick Bureaud, " Utopies distribuées. Net.art, Web.art ", Art Press Hors série, " L'art et la Toile ", p . 108.
43 In " Un peu d'explication ".
44 Proposition 5 de l'¦uvre On se comprend.
45 Propositions 8 et 5.
46 Cf. Jürgen Habermas, Le discours philosophique de la modernité, p. 49 : " L'intersubjectivité supra-individuelle, dans une communauté communicationnelle obéissant à des nécessités de coopération, préside à la formation non contrainte de la volonté et offre un autre modèle de médiation entre l'universel et l'individuel ".
47 Proposition 1.
48 " Comment devenir un artiste ? ".
49 Ibid.
50 In " Un peu d'explication ".
51 In Le discours philosophique de la modernité, p. 383.
52 Jean-François Lyotard, La condition postmoderne, pp. 88 et suivantes.
53 Jürgen Habermas, Le discours philosophique de la modernité, p. 49.
54 Marc Jimenez, " Postmodernité, philosophie analytique et tradition esthétique ", in La Philosophie de l'art, p. 168. Cf. aussi Friedrich Schiller, Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme.
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