logo

Des histoires: DiRe

Dîtes donc







(je suis à sec, j'ai soif et je n'ai plus d'encre à mon clavier à plumes. Qu'écrire encore qui dise quelque chose de sensé ? Je me le demande. Dans cette orgie culturelle qu'est notre époque, en rajouter une couche de production c'est vomir par la suite forcément.
J'aimerais goûter la saveur, cela m'arrive dans ces moments volés au temps présent.)

les
mots
sont des mots volants
ne font pas tas avec les autres
restent libres d'aller venir
se mélanger ou non ou tourner comme les aiguilles
qui se suivent du temps
ils ont l'air qu'on leur prête
sans pré-tendre à rien d'autre
qu'être les passeurs
des silences d'ici
ailleurs.


J'entends bien chère correspondante amie,
mais les mots volés ? Ceux qui ne disent plus leur objet ?
Le goût dégoûté, la saveur lassée, le sens interdit car libéré de son aimante direction ?
J'entends bien que les mots volent et nous traversent les poumons.
J'ois ça.
Le silence dont vous parlez, vous chérissez les mots qui vous passent par les mains, est l'espace amoureux entre le mot et sa chose. Oui, l'espace nécessaire qui fait le mot vivant.
Mais ceux qui ne disent plus leur objet, ceux qui sont nov-langue, ceux qui deviennent la marque déposée d'une industrie sauvage, étouffent cet espace, nient la respiration et comblent notre bouche.
La bouche.
Bouche la bouche.
Boucherie.
Le verbe est fait charnier.
Sa chair saigne et mon coeur aussi.
Je fraie un chemin entre les mots usés et révisés et vendus et trahis et sacrifiés aux idoles contemporaines. Un silence m'accompagne.
Je mange les mots par la racine, on me croit mort.
Je passe à travers terre jusqu'au feu du centre pour renaître à l'air libre.
Mes mots sont les vôtres. A la bonne nôtre !
Nos mots ne sont pas nos mots, nous les portons, la voix à l'oreille, les traces écrites aux traces lues. Ce qui reste est notre corps fait de ce verbe et qui parle et qui fait langage et qui nous parle et qui nous fait parlant, parlé, nous sommes bien parlés.
Parler bien alors c'est prendre les mots pour ce qu'ils disent, pas pour ce qu'on leur fait dire de force. Ce qu'ils disent est multiple et précis. Car l'amour est universel et singulier. Ce n'est pas juste un mot et un mot de plus, c'est un mot juste et qui fait le vide dans le trop-plein qui se propage avec force émotions fascinantes et frappantes (je pleure, la mise en scène a touché mon coeur, mon esprit est pris, je l'avoue, les productions divertissantes du dogme attractif de la culture contemporaine massive m'émeuvent, je l'avoue et je meurs vraiment, la racine est brûlée, le parfum est ennivrant, je vacille tel le monde tout le monde et qui marche au pas cadencé des mots d'ordre).

Notre vocabulaire est moisi. Je suis à sec.
Au secours, cher lectrice, cher lecteur, que lis tu ? Qu'entends tu ? Cela a-t-il du sens ? Cela dit, si cela a un sens, cela va-t-il nous empêcher de mourir ? Définitivement ?
Parole, qui tient parole ? Il y a-t-il une parole qui tienne ? Et nous ? Tenons nous parole ?
Tenons nous à cette parole encore ?
Elle me tient et je tiens à elle.







pensez vous vos mots avant de les dire ?

déjà formatés de l'idée.
un peu anticipés...
un enfant avant sa naissance...

les mots ne sont rien
rien à vouloir
surtout pas vouloir les fouiller
En eux-mêmes ne sont
ni sensés, ni porteurs
Ils ne sont pas là au service
et à les appeler
ils se cachent
ou deviennent laborieux .

Pour qu'ils soient
il faut s'y laisser vide
s'exposer nu
démuni
oublié
inconnu
laisser le trou béant
oublier d'être soi
...
pour moi les mots coulent de là
sans demande, avec juste l'acceptation de ce qu'ils peuvent être
avec l'acceptation de ce que les autres en feront
de bon
ou de mauvais, de faux, de fourbe, de détourné, ou de sale
je les laisse couler, ne crains rien de cette salive
je ne la montre, ne l'exhibe, ni ne la cache
je la porte
comme je porte mon corps, mes yeux ou mes faux-pas.

corps anonyme au milieu de la foule
fourmi au milieu des fourmis
sans prétendre à rien
ni couronne, ni écoute particulière
rien.

ils vivent parceque je les laisse vivre
et que je n'ai aucun désir de vouloir
vivre d'eux.
parfois ils rencontrent les vôtres, parfois proches vont ensemble
un bout de chemin...
parfois ils sont heurtés, ou blessés, ou trahis
ils dépassent mes bornes.

j'assume leurs écarts sans rien revendiquer
ni jamais leur chercher d'excuses.

ils sont comme
je suis
rien

et se nourrissent des vôtres
parce que le temps est ainsi.


14 Dec 2002 - 14:00




Je re-lis tout, un peu tout là
qui suis à côté de la plaque, à côté de votre sujet.
on ne peut répondre
n'est ce pas,
que de ce que nous sommes...

vos paroles se re-trouvent chez moi
non de ce qu'elles sont
mais de ce que je leur offre d'être.

toute la question est celle du rend-voix

pourquoi venir chanter tout près des autoroutes
et venir vous plaindre que les voitures font du bruit ?

aujourd'hui

je laisse encore dire

près de l'autoroute surchargée des trop pleins
qui m'écoeurent
j'entends bien
ce que j'ai choisi.


14 Dec 2002 - 14:40




Perdu le fil et le fil s'effiloche.

14 Dec 2002 - 21:59











Retour à DesHistoires | Retour à SommaireDeshistoires | ModeDemploi | NotesNotes des pages