Chere amie,Comme je vous l'avais annoncé, je viens d'emménager dans la maison de mon defunt grand-oncle, Albert Beaulieu. Je me fais à présent une joie de vous donner de mes nouvelles, et il me semble qu'il y'a tellement de choses à vous conter, que je ne sais par où commencer.
Cette maison m'enchante; tous les jours, j'y découvre de nouveaux recoins, tant elle est vaste ! En tous cas, elle me semble démesurée compte tenu du fait que je serai seul à y vivre. Je compte bien que vous viendrez me rendre visite, quand vous serez rentrée de ces lointaines contrées, où j'espère que vous vous plaisez cependant - vous ferez d'ailleurs part a votre cousin de mes plus empressées salutations.
Cette maison possede une âme, une atmosphère, c'est incroyable. Elle dégage comme une aura, je ne sais comment vous l'expliquer - c'est au point que les habitants du bourg l'appellent "le château". Elle n'en a pourtant ni la taille, ni vraiment l'apparence, et n'est pas la plus imposante par ici. Elle est haute, pourtant, il est vrai, songez qu'elle compte quatre étages !
Je compte installer mon bureau dans une des chambres du rez-de-chaussée, pour y recevoir les personnes que ma fonction pourrait - je l'espère - attirer ici. Le bourg n'est pas très grand, mais il n'y pas de notaire à des lieues à la ronde, et on dit certains vignerons forts riches. Cette maison m'offre de plus la possibilité d'inviter de nombreux amis, et n'ayez crainte, vous ne serez pas oubliée.
Enfin, il est une pièce qui plus que toutes m'est chère et m'impressionne, la bibliothèque. Elle est immense, et couvre une partie du premier étage, et la totalité du dernier. Il s'agit cependant d'une seule et même salle, entierement boisée, tant au sol qu'aux murs, et couverte de livres. Elle occupe en fait tout l'espace sous le toit, et les etagères sont ingenieusement disposées, pour remplir tout l'espace disponible. La salle est d'ailleurs comble de livres, sauf sur une partie du mur sud, où mon grand-oncle a fait percer une immense fenêtre, qui donne sur le jardin, et permet à la lumière du jour d'éclairer une bonne partie de la pièce. Je me demande encore comment la maison peut supporter ce poids de livres !
Il y en a de toutes les sortes, et je pense que quand bien meme j'y consacrerais toute ma vie, je n'arriverais pas à tout lire ! Les choix de mon grand-oncle semblent avoir ete gouvernes par un tel souci d'exhaustivité, que j'en suis impressionné. C'est un véritable trésor qu'il a amassé là, et dont je compte bien profiter ! J'ai d'ailleurs déjà passé de nombreuses journées dans cet endroit extraordinaire.
Vous voyez donc, Clémence, combien la vie va me paraître douce, dans cette maison. Je m'y sens déjà chez moi - et pourtant, je n'y étais pas beaucoup venu avant, mon grand-oncle n'hésitait pas à se déplacer, et n'appréciais pas toujours qu'il y ait du monde chez lui ! C'etait un excentrique avec lequel j'adorais discuter. Il se montrait d'une grande érudition, ce que je conçois maintenant encore mieux, maintenant que j'ai vu sa bibliothèque. Il n'y laissait entrer quasiment personne de son vivant, semblant cultiver un goût du secret, qui en faisait pour moi un personnage fascinant.
J'espère en tous les cas que cette lettre aura comblé votre curiosité quant à ma nouvelle demeure, et quant à mon moral. J'espère que votre voyage s'est bien passé, et que vous recevrez cette lettre peu de temps après etre arrivée.
J'attends avec impatience de vos nouvelles, et de cette contrée ou votre cousin a fait fortune, m'avez vous dit.
A tres bientot,
votre ami,
Adam Beaulieu.